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Jouons un peu avec les terroristes

Des fois, face à l’ignominie des héritiers des thermidoriens et autres directeurs fossoyeurs d'une réelle démocratie toujours à construire, et de tous les valets des patriciens aux commandes depuis ce temps-là, on en viendrait presque à trouver certain membre de Comité de salut public sympathique. Mais ce serait trop simple et à coup sûr une tentation du côté obscur : malheureusement, ce dernier faisait raccourcir aussi les sans-culottes les plus épris de liberté et d’égalité, et il ferait certainement  "raccourcir" aujourd'hui (mais arrêtez-moi si je me trompe) nos fiers "casseurs" et zadistes.

Voici donc notre énigme :

Le 14 frimaire an II – 4 décembre 1793, la Convention nationale requiert tous les citoyens de lessiver eux-mêmes leurs bâtiments : « Tous les citoyens, soit propriétaires, soit locataires, [...] sont invités à lessiver eux-mêmes le terrain qui forme la surface de leurs caves, de leurs écuries, bergeries, pressoirs, celliers, remises, étables, ainsi que les décombres de leurs bâtimens »*.
*Jean-Baptiste DUVERGIER, Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'Etat..., Paris, A. Guyot, 1934, t. VI, p. 397, article 1.

Pourquoi la Convention nationale requiert-elle, le 14 frimaire an II – 4 décembre 1793, tous les citoyens de lessiver eux-mêmes leurs bâtiments ?

Certes, la Convention montagnarde était plutôt égalitariste, et que chacun participe à l'entretien des lieux de vie, et non plus seulement ta bonniche, pourrait être une réponse satisfaisante. Mais il y en a une autre, en rapport avec cette période troublée. A toi de la trouver, cher sans-culotte !

Quand nous finirons 89 et 93, accomplissant le but de la société qui est le bonheur commun, conformément aux principes sacrés, nous ne pourrons plus exploiter et humilier des bonniches. Va falloir nous sortir les doigts du cul petits et grands révolutionnaires !

Bravo aux deux participants, à Romain qui a trouvé la solution, et à Jules qui colle à l'actualité révolutionnaire.

Voici des précisions, extraites d'un texte fort intéressant quoique de facture universitaire qu'on peut trouver ici :

Enfin, l’extraction du salpêtre a été confiée par la Convention montagnarde et la Commune de Paris à tous les citoyens (42). [...].

Le salpêtre recueilli par les citoyens était payé par la régie des poudres. Le 13 nivôse an II – 2 janvier 1794, le Conseil général de la Commune s’occupe de mettre ce décret en exécution. Une partie des membres propose d’abord de charger les comités révolutionnaires des sections de cette tâche mais, comme le portait la loi, Pache conseille de laisser l’initiative de l’extraction du salpêtre aux citoyens eux-mêmes : « Il n’est pas ici question de salpêtre raffiné, c’est de salpêtre brut qu’il s’agit de trouver, toutes les caves de Paris en sont pleines, il faut que tout se fasse de bon accord : inviter les citoyens à descendre eux-mêmes dans leurs caves, et à y dégager la superficie de la terre ».

Sur la proposition du maire, le Conseil général arrête que chacun de ses membres sera invité dans sa section à engager tous ses concitoyens à extraire le salpêtre de leurs caves et autres lieux et à leur donner à cet effet lecture d’une instruction rédigée par le Comité de salut public.

Ainsi, la Convention montagnarde et le Comité de salut public ont chargé la Commune de Paris et les assemblées générales des quarante-huit sections parisiennes de répartir équitablement entre tous les artisans les fournitures dont l’administration avait besoin pour équiper les armées. Néanmoins, pour être économiquement indépendants, tous les artisans devaient avoir accès directement aux matières premières et aux outils de travail.
(42) Le salpêtre ou nitrate de potassium était l’élément essentiel pour fabriquer de la poudre. Ce dernier pouvait être obtenu en lessivant le sol des habitations.

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